"Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître l’appelle un papillon."
Richard Bach, le Messie récalcitrant.
Je témoigne aujourd’hui pour la première fois de cette épreuve sur mon chemin de vie pour partager mon expérience avec celles et ceux qui souhaitent se libérer de la prison du couple d’hier pour reconnaître et restaurer en eux et avec l’autre le couple sacré et divin.
Chaque chemin est unique, parsemé d'obstacles à éviter, de pièges à déjouer et d'épreuves à surmonter. Le mien a été celui de multiples métamorphoses, de morts et de renaissances successives.
Avant, je vivais, je souffrais et j’étais esclave plusieurs années dans la prison du couple homme-femme avant de m'en libérer.
Cette prison était en apparence une cage dorée mais c'était une cage quand même. J’avais le droit d'en sortir pour aller travailler, dans une autre cage.
Dans toutes ces cages, je donnais le meilleur de moi-même.
Sitôt terminée ma journée professionnelle durant laquelle j'assumais un niveau de responsabilités élevé et gérais des problématiques variées et complexes, j'enchaînais directement à la maison avec de nouvelles responsabilités : je m’assurais que tout le monde allait bien, je pourvoyais aux besoins de chacun des membres de ma famille et j’organisais, je mettais en musique, j’anticipais les besoins à venir afin que tout coulisse parfaitement dans l’harmonie. Que surtout personne ne manque de rien. Que tout le monde soit bien. Au boulot et à la maison.
De 7h jusqu’à 22h, je me démenais chaque jour.
Je donnais, je donnais, je donnais, sans compter.
Par Amour.
Par Don.
Par sacrifice.
J’étais au Service. De tous.
J’avais toujours quelque chose à faire et je me sentais utile. Je prenais sur moi, je prenais en charge, tout, tout le temps, pour tout le monde.
C’était difficile, exigeant, épuisant par moments, de faire ces efforts élevés dans tous ces domaines, constamment et sans relâche et c'était extrêmement lourd d'assumer toutes ces obligations et de porter toutes ces responsabilités.
Hormis les professionnels à qui je parvenais à déléguer certaines tâches domestiques à la maison moyennant rémunération, je n’avais personne pour m’aider, me soulager. Pour prendre en charge une partie des responsabilités. Personne ne se souciait de moi, de mes besoins. Ni mon mari, ni les enfants, ni mes collègues de travail.
Je n’avais presque pas de temps pour moi. Je « m’autorisais » - ou bien étais-je autorisée - à un voyage par an sans ma famille, généralement en début d’année. Période plus calme. Je partais loin de la France, de ma cage dorée, chercher puis retrouver le soleil et le sacré. Je vivais une parenthèse enchantée deux semaines et puis je rentrais. Alors les efforts, les obligations, les responsabilités reprenaient. Je réalise que je travaillais tout le temps, sans arrêt, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de ma cage. J’avais le droit de sortir voir mes amies ou faire quelque chose pour moi un soir par semaine, à condition d'avoir fait ce qui était attendu de moi par les membres de ma famille.
J’avais donc une soirée par semaine de libre et deux semaines de vacances par an lors de mon voyage annuel. Le reste du temps je n'étais pas libre, je travaillais et je me démenais. Et je n'étais rétribuée que pour mon travail dit "professionnel" (10 heures par jour).
En apparence, j'étais une femme ayant brillamment réussi sa vie professionnelle, sociale et sa vie de famille.
En réalité, j'étais une esclave.
Je consentais à être leur esclave à tous.
Je souffrais de fatigue chronique, d’épuisement psychique et physique mais je ne m’en rendais plus compte car j’étais habituée. C’était devenu «normal» de souffrir et de faire tous ces efforts au sens que c’était ma norme. J’avais banalisé ma souffrance, comme certains banalisent le mal.
Cela vous parle ?
Tant que je prenais tout en charge, que tout le monde pouvait s’appuyer sur moi et compter sur moi, tout allait bien.
J’étais le moyeu qui faisait tourner la roue, les roues.
J'étais leur soleil 🌞.
Un beau jour, je pris conscience que tout ce monde me prenait mon temps, mon énergie, mon amour, ma lumière, en se servant sans demander, sans limites, sans respect ni délicatesse à mon égard et sans réciprocité, certains profitant même de ma gentillesse, de ma bonté, de ma générosité naturelles. Certains êtres se comportaient même avec moi comme des vampires. Je compris alors, que si je continuais à entretenir ces relations déséquilibrées et à me laisser vampiriser, mon feu intérieur, mon soleil, allait s’éteindre. Il commençait à vaciller par moments. Je me sentais alors dévitalisée, épuisée, vidée de ma substance, comme si ma Lumière allait s’éteindre définitivement et irréversiblement. Je risquais la mort, non pas celle de mon corps physique mais celle de mon âme, la "seconde mort"...
Je décide alors de me libérer. Mon chemin de libération passe par des étapes successives. J'accepte de vivre alors ce qui s'apparente à une métamorphose dont je vais vous décrire les étapes telles que je les ai vécues :
Première étape nécessaire mais non suffisante : accepter de regarder la Vérité en face, même si elle est douloureuse. Accepter de voir dans quel état je suis est le point de départ de toute métamorphose : l'état initial.
C'est là que je prends conscience que la réalité, à savoir que tout ce qui constituait ma vie, mon quotidien est une illusion de liberté, et que la vérité c'est que je ne suis pas libre. Je suis soumise. Sous l'apparence d'une femme "parfaite", qui réussit avec brio tout ce qu'elle entreprend, selon les critères de "réussite" sociétaux de l'ancien monde (à savoir, la réussite sociale, professionnelle, matérielle, maritale, familiale, etc.), je suis en réalité une "femme machine" hyper performante sculptée par la société patriarcale pour être "au service" des hommes, de leurs désirs, de leurs besoins et surtout de leur principe de plaisir.
Cette femme lisse, gentille, serviable et docile est une bonne mère, une bonne épouse, une bonne collaboratrice ("the good....") qui se sacrifie et travaille sans relâche pour s'occuper de son mari, de ses enfants, de sa famille, de ses collaborateurs, etc...
Deuxième étape: mourir à l'ancien état. Je perçois alors que la véritable liberté est à l'extérieur et que je dois laisser ma vie de femme soumise à l'intérieur de ma cage et sortir. Tout laisser de cette vie. Ce passage, cette sortie de la cage ne peut se faire pour moi que si je suis prête à tout laisser derrière moi. C'est ce que je fais. Cela me déchire, me plonge dans d'atroces souffrances. J'ai la sensation de me décomposer, de mourir.
C'est ce qui se passe, je meurs à celle que j'étais.
Je passe par une étape où je ne suis plus rien, où tous les rôles auxquels je m'identifiais se dissolvent (la bonne épouse, la bonne mère, la brillante collaboratrice). Le statut social, professionnel, matrimonial, familial : je me dépouille de tout, de toutes ces couches qui me recouvraient. Je divorce et je quitte mon très bel appartement bourgeois pour un lieu simple et sans prétention, proche de la forêt. Je fais un burn-out, incapable de continuer d'assumer mon poste prestigieux et envié, mon médecin m'arrête. Un mal pour un bien, cette pause me permettra d'ouvrir un temps et un espace disponible pour accéder au point zéro. Je vois que l'ancien cycle arrive à son terme, et qu'un nouveau cycle se présente à moi. J'expérimente là, pour la première fois consciemment, la succession de cycles de morts et de renaissances et je comprends que la vie est cyclique. Une révélation !
Troisième étape : renaître à un nouvel état. Une nouvelle femme naît, libre d'être, sans rien avoir à faire ou à prouver pour être. Elle EST. La transformation intérieure se matérialise par une transformation physique et corporelle. Mon corps s'arrondit, la minceur laisse place à mes formes féminines. Je redécouvre la couleur naturelle de mes cheveux. Exit le blond et les mensurations Barbie ! Je reconnecte avec la femme sacrée, avec mes cycles, avec mon aspect sauvage. Je donne tous mes vêtements, ceux qui correspondaient à tous mes rôles. Je remplace toutes mes chaussures élégantes à talons par des chaussures plates confortables et tout terrain, en matière naturelle. Je délaisse ma vie sociale pour aller marcher dans la nature. Je passe inaperçue moi qui jusqu'alors attirait les regards et toutes sortes de projections et d'envies de la part des hommes et des femmes. Exit la "it girl", bienvenue à l'authenticité.
Alors que je prends le temps d'aller à la rencontre de la Femme que JE SUIS, je découvre que celle-ci est très différente de la femme que je "croyais" être ou qu'on m'avait fait "croire" que j'étais. La Femme que je suis est naturelle, libre de ses désirs, de ses envies, de ses pensées. Elle se respecte. Elle a ses aspérités, ses paradoxes, ses contradictions - elle est tout sauf lisse. Telle une rose avec ses pétales et ses épines, elle est sauvage, forte, sensuelle. Elle est insaisissable, on ne peut plus rien lui prendre sans lui demander, ni la mettre dans une case, ni dans plus aucune cage car elle est imprévisible, inattendue, ambivalente. Elle est tout, sauf figée. Elle est vivante et donc changeante !
Ces étapes sont très bien matérialisées dans le processus de la métamorphose de la chenille en papillon.
-Etat initial : l'état chenille
-Etat de mort/renaissance : la chrysalide durant laquelle la chenille n'est plus et le papillon n'est pas encore. Les tissus matériels de la chenille sont broyés et détruits, à l'exception des cellules imaginales, qui sont programmées dans l'ADN pour s'activer lors de la métamorphose en papillon.
Ces cellules imaginales se reconnaissent, se regroupent, se multiplient et forment des disques imaginaux qui donnent en quelque sorte la structure future du papillon.
L'effondrement de la structure de la chenille est une étape essentielle et nécessaire afin de laisser place à la structure du papillon.
-Etat final : l'état papillon.
Toutes les chenilles portent en elles les structures du papillon pré-existant. La chenille et le papillon ont exactement le même ADN et par de multiples transformations durant la chrysalide, de l'état de chenille émerge le papillon.
Telle la chenille🐛, j'ai accepté de mourir à mon état rampant à la surface de la terre et de changer de dimension pour me métamorphoser et renaître en papillon volant dans les airs 🦋.
A ce moment-là, ma réalité change totalement. Je quitte le monde des chenilles pour rejoindre un monde nouveau et inconnu : le monde des papillons.
Aujourd'hui, tel le papillon, je suis libre, légère, je me sens bien. Mon quotidien est de voler de fleurs en fleurs, au gré de mes envies. Je suis une femme aérienne, éthérée qui se mouvoie dans l'air avec grâce et facilité. Dans cette nouvelle dimension, plus rien n'est lourd pour moi, je ne me laisse plus plomber, enliser par la matière lourde et dense du matérialisme ou du patriarcat de mon ancien monde. Je passe au-dessus !
Je découvre que je peux alors re-connaître d'autres êtres qui sont eux aussi des papillons, et que je ne pouvais connaître lorsque j'étais une chenille.
C'est ainsi que j'ai pu choisir de former un nouveau couple avec un autre papillon, un couple harmonieux, léger, paisible, équilibré, en réciprocité. Nous virevoltons et dansons ensemble dans le bleu de l'azur, de fleurs en fleurs... toujours plus haut.
Et vous ? Êtes-vous chenille, chrysalide ou papillon ?
🕊️Dans la Paix, la Joie et l'Amour de nos cœurs 💕
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